N'oubliez pas que tout ce qui est écrit ici n'est que pure spéculation et que rien de tout ça n'est prouvé !!! Il s'agit seulement de construire
des tableaux de croisement avec plus de deux gènes...
La transmission du caractère non-rouge (ou jaune) est décrite comme un cas simple d'hérédité mendélienne avec un gène et deux allèles
(NR et nr).
Les Bettas jaunes sont homozygotes nrnr, ils ne peuvent donc transmettre à leurs descendants que l'allèle nr et en toute logique, un
croisement entre deux Bettas jaunes ne devraient donner que des Bettas jaunes.
Petit soucis, un croisement jaune x jaune donne souvent des Bettas à corps cambodge et à nageoires rouges !!!
En répétant sur plusieurs générations un croisement jaune x jaune, la couleur jaune perd de son intensité...pour empêcher ce
phénomène, du rouge est régulièrement introduit dans une lignée de bettas jaunes (croisement jaune x rouge).
Il existe également des Bettas oranges que l'on peut, de manière toute théorique, considérer comme intermédiaire entre un Betta jaune
et un Betta rouge.
Spéculons...
De deux phénotypes (rouge et jaune), on peut passer à quatre : jaune pâle, jaune intense, orange et rouge.
On peut imaginer qu'un gène permet de passer de l'un à l'autre. Conservons le système de notation nr pour ces différents gènes.
Gène 1 (jaune pâle vers jaune intense) : deux allèles NR1 et nr1. Les homozygotes nr1nr1 étant jaune pâles et les individus porteurs d'un
ou deux allèles NR1 jaune intense.
Gène 2 (jaune intense vers orange) : deux allèles NR2 et nr2. A partir d'ici on peut encore compliquer un peu !!! Imaginons que comme
dans le cas de l'allèle c (cambodge) pour la couche noire, l'homozygotie nr1nr1 bloque la réaction de synthèse qui permet de passer du
jaune au rouge. Dans ce cas, peu importe les allèles dans la suite de la réaction, un individu nr1nr1 sera, quels que soient les allèles
portés par les gènes 2 et 3, jaune pâle.
Pour obtenir la couleur jaune intense, il faut donc au moins un allèle NR1 puis deux allèles nr2.
Gène 3 (orange vers rouge) : deux allèles NR3 et nr3. Comme pour l'étape précédente, la couleur rouge ne peut apparaître que si au
moins un allèle NR1, un allèle NR2 et un allèle NR3 sont présents. Un Betta orange est porteur d'au moins un allèle NR1 et un allèle NR2
puis de deux allèles nr3.
En résumé, les génotypes possibles pour les 4 couleurs sont les suivants :
1. jaune pâle : nr1nr1 / _ _ / _ _
2. jaune intense : NR1_ / nr2nr2 / _ _
3. orange : NR1_ / NR2_ / nr3nr3
4. rouge : NR1_ / NR2_ / NR3_
Amusons-nous...
Véritable cauchemar chez un Bettaphile... sa lignée jaune maintenue depuis plusieurs années a perdu de son intensité et il se retrouve
avec une multitude d'alevins jaune pâle. Heureusement, patientant sagement au fond de son bac, un splendide mâle rouge fera office de
raviveur de couleur !
Puisqu'il s'agit d'un exemple et que l'on peut se soustraire des contraintes de la réalité, nous allons choisir un Betta jaune pâlede
génotype nr1nr1 / NR2nr2 / NR3nr3 et un Betta rouge de génotype NR1nr1 / NR2nr2 / NR3nr3 mais avec exactement le même génotype
pour tous les autres gènes...on peut donc fermer les yeux dessus ;-)
Combien de types de gamètes peuvent produire ces deux Bettas ?
Le Betta jaune pâle : nr1 puis NR2 ou nr2 puis NR3 ou nr3 soit quatre types de gamètes.
Le Betta rouge : NR1 ou nr1 puis NR2 ou nr2 puis NR3 ou nr3, hum...huit types de gamètes.
Soit un beau tableau de croisement de 4 x 8 = 32 possibilités !!!!!
Avec trois gènes ou plus, un tableau de croisement devient assez vite indigeste et il faut savoir se passer d'un beau dessin !! Il est
préférable de recourir à une autre méthode abordée dans la section " Génétique : Approfondir" : les horribles probabilités.
Pour le 1er gène, le Betta jaune pâle ne peut donner que l'allèle nr1 (probabilité = 1 chance sur 1) alors que le Betta rouge donne soit un
allèle NR1 soit un allèle nr1 (probabilité de chaque allèle = 1 chance sur 2).
Pour ce gène, il y a 2 (1x2) génotypes possibles chez les alevins de probabilité 1 x 1/2 = 1/2 chacun. Ces 2 génotypes sont NR1nr1 et
nr1nr1.
Pour le 2ème gène, le Betta jaune pâle et le Betta rouge peuvent donner tous les deux soit un allèle NR2 soit un allèle nr2 (probabilité de
chaque allèle = 1 chance sur 2).
Pour ce gène, il y a 4 (2x2) génotypes possibles chez les alevins de probabilité 1/2 x 1/2 = 1/4 chacun.
Comme on peut obtenir un hétérozygote de deux manières (1er cas : NR2 du père et nr2 de la mère; 2nd cas : nr2 du père et NR2 de la
mère), il n'y a en réalité que 3 génotypes distincts (NR2nr2 et nr2NR2 sont identiques) et la probabilité de l'hétérozygote est de (2 cas x 1/4)
= 1/2.
Nous avons donc NR2NR2 de probabilité 1/4, NR2nr2 de probabilité 1/2 et nr2nr2 de probabilité 1/4.
Pour le 3ème gène, c'est la même chose que pour le 2ème...il suffit de remplacer NR2 par NR3 et nr2 par nr3.
Maintenant, il faut réunir les trois gènes pour former le génotype complet : (2 génotypes pour le gène 1) x (3 génotypes pour le gène 2) x
(3 génotypes pour le gène 3) = 18 génotypes.
Pour ne pas oublier un génotype, le mieux est d'écrire de haut en bas :
* 9 fois le premier génotype pour le gène 1 puis 9 fois le second génotype pour le gène 1. Le chiffre "9" ne tombe pas du ciel, il s'agit
du nombre de génotypes pour le gène 2 multiplié par le nombre de génotypes pour le gène 3.
* revenir en haut pour écrire 3 fois le premier génotype pour le gène 2, puis 3 fois le second génotype pour le gène 2 et enfin 3 fois
le troisième génotype pour le gène 2...et le répéter une seconde fois pour atteindre la dernière ligne. Le chiffre "3" correspond cette fois
au nombre de génotypes possibles pour le gène 3.
* ensuite il suffit d'écrire le premier génotype pour le gène 3 sur la 1ère ligne, le second génotype pour le gène 3 sur la 2nde ligne et
le troisième génotype pour le gène 3 sur la troisième ligne...et répéter cette séquence de 3 autant de fois que nécessaire pour arriver à la
dernière ligne.
Vous n'avez rien compris, c'est normal. Voilà ce que ça donne avec les 18 génotypes bien organisés, leurs probabilités et le phénotype
auquel correspond chaque génotype :
NR1nr1 / NR2NR2 / NR3NR3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
NR1nr1 / NR2NR2 / NR3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/2 = 1/16 = 2/32
NR1nr1 / NR2NR2 / nr3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
NR1nr1 / NR2nr2 / NR3NR3 = 1/2 x 1/2 x 1/4 = 1/16 = 2/32
NR1nr1 / NR2nr2 / NR3nr3 = 1/2 x 1/2 x 1/2 = 1/8 = 4/32
NR1nr1 / NR2nr2 / nr3nr3 = 1/2 x 1/2 x 1/4 = 1/16 = 2/32
NR1nr1 / nr2nr2 / NR3NR3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
NR1nr1 / nr2nr2 / NR3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/2 = 1/16 = 2/32
NR1nr1 / nr2nr2 / nr3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
nr1nr1 / NR2NR2 / NR3NR3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
nr1nr1 / NR2NR2 / NR3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/2 = 1/16 = 2/32
nr1nr1 / NR2NR2 / nr3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
nr1nr1 / NR2nr2 / NR3NR3 = 1/2 x 1/2 x 1/4 = 1/16 = 2/32
nr1nr1 / NR2nr2 / NR3nr3 = 1/2 x 1/2 x 1/2 = 1/8 = 4/32
nr1nr1 / NR2nr2 / nr3nr3 = 1/2 x 1/2 x 1/4 = 1/16 = 2/32
nr1nr1 / nr2nr2 / NR3NR3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
nr1nr1 / nr2nr2 / NR3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/2 = 1/16 = 2/32
nr1nr1 / nr2nr2 / nr3nr3 = 1/2 x 1/4 x 1/4 = 1/32
Rappelons-nous que tous les homozygotes nr1nr1 seront jaune pâle peu importe les allèles portés par les gènes suivants. On peut donc
déjà séparer les 18 phénotypes en deux groupes de 9. La probabilité du phénotype jaune pâle est 1/32 + 2/32 + etc... = 16/32 = 1/2.
Parmi les 9 génotypes restants, trois sont homozygotes nr2nr2 ce qui bloquera la synthèse de la couleur au stade jaune intense. La
probabilité du phénotype jaune intense est 1/32 + 2/32 + 1/32 = 4/32 = 1/8.
Enfin parmi les 6 génotypes restants, deux sont homozygotes nr3nr3 ce qui bloquera la synthèse de la couleur au stade orange. La
probabilité du phénotype orange est 1/32 + 2/32 = 3/32
Il reste donc quatre génotypes pour le rouge. La probabilité pour le phénotype rouge est 1/32 + 2/32 + 2/32 + 4/32 = 9/32.
L'observation est en accord avec la théorie...EUREKA. Malheureusement, il semble que dans la réalité, la proportion de rouges issus d'un
tel croisement soit nettement supérieur à la proportion de jaunes.
Petite précision utile ici, un croisement jaune x rouge donne normalement 100% d'alevins rouges. Dans mon exemple, le génotype du
rouge correspondrait plutôt à celui d'un rouge issu d'un croisement entre deux jaunes et non d'un rouge de lignée pure !!!
On peut également imaginer d'autres hypothèses dont l'une serait d'inverser la réaction qui ne s'organiserait pas du jaune pâle au rouge
mais du rouge au jaune pâle. Dans ce cas, la moitié des alevins serait de phénotype rouge, 1/8 de phénotype orange, 3/32 de phénotype
jaune intense et 9/32 de phénotype jaune pâle. Malheureusement, étant donné qu'un croisement rouge x jaune donne 100% d'alevins
rouges, cette hypothèse tombe également à l'eau :-(
Ce n'est qu'en multipliant les croisements jaune x jaune, jaune x orange, jaune x rouge, orange x rouge que l'on peut espérer obtenir un
début de réponse sur le mystérieux génotype des Bettas jaunes.